Arrivé à la tête du Gabon à la faveur du coup d’État du 30 août 2023, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema n’a jusqu’ici pas bénéficié d’une tribune internationale pour exprimer les positions de son gouvernement sur les questions environnementales, et plus précisément de protection de la forêt. L’occasion lui est donc donnée, dans le cadre du sommet des trois bassins forestiers de la planète, qui se tient du 26 au 28 octobre 2023 à Brazzaville.
Dans l’invitation qui lui a été adressée par le président de la République du Congo, par ailleurs président de la Commission climat du bassin du Congo, Denis Sassou-Nguesso précise que «ensemble, nous avons le devoir et le pouvoir de léguer aux générations futures un héritage de préservation et de protection de notre planète. Votre présence et votre engagement lors de ce sommet crucial sont essentiels pour mener à bien cette noble mission».
Dès lors, ce qui préoccupe plus d’un observateur sur le cas du Gabon, c’est la question de savoir si le président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) est doté du même niveau de sensibilité écologique qui caractérisait le règne des Bongo (1967 – 2023).
Champion de la protection des forêts
Les efforts de Libreville en matière de préservation de sa forêt son reconnus à travers le monde, et ont plusieurs fois été récompensés. D’après l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (Cafi), un fonds multi-bailleurs géré par l’Organisation des Nations unies (ONU), qui veut allouer 150 millions de dollars pour soutenir les efforts de conservation des pays d’Afrique centrale, le Gabon a obtenu d’excellents résultats en matière de préservation de son couvert forestier à travers la création, en 20 ans, des parcs nationaux d’Akanga, de Birougou, d’Ivindo, de Loango, de la Lopé, de Mayumba, de Minkébé, des Monts de cristal, de Moukalaba-Doudou, de Mwagna, des plateaux Batéké, de Pongara et de la Waka. Pour sa riche biodiversité, le parc national de la Lopé est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture).
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Le vendredi 7 octobre 2022, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a publié́ son rapport portant sur l’analyse technique des activités du Gabon sur la période 2010-2018 en matière de réduction des émissions dues à la déforestation, à la dégradation des forets, ainsi que la conservation des stocks de carbone forestier, de gestion durable des forêts et de renforcement des stocks de carbone forestiers (REDD+).
Les conclusions du rapport du CCNUCC indiquent que sur la période 2010-2018, le Gabon a réduit ses émissions de CO2 de 90,6 millions de tonnes par rapport aux émissions moyennes entre 2000-2009. Sur la base de son statut de pays à haute couverture de forêt et faible déforestation (HFLD), la CCNUCC a validé́ 187 104 289 tonnes de crédits REDD+ pour le Gabon. Elles attestent par ailleurs que les données et les informations fournies par le pays sont « conformes aux directives » en vigueur et « transparentes ». Sur la base de ces constatations, le Gabon est certifié aux crédits REDD+ pour la période 2010-2018.
Boris Ngounou