Le barrage d’Atbara, dans l’État du Nil, à l’est du Soudan est entièrement opérationnel. Les travaux ont été confiés à Lahmeyer International, une entreprise allemande qui compte aujourd’hui 1 300 employés dans le monde. Le barrage qui occupe une superficie de 627 km2 permet désormais de produire 320 MW d’électricité. L’entreprise allemande a précisé qu’il était déjà pleinement fonctionnel depuis le 11 juin 2018. Le temps pour Lahmeyer de tester le fonctionnement effectif des quatre turbines.
Les travaux de construction ont commencé en 2010 avec la mise en place d’importants travaux d’infrastructure sur le site, dont deux grands ponts fluviaux. Après l’achèvement du barrage, long de 13 km et d’une hauteur maximale de 41,4 m, puis la finalisation des déversoirs, la première mise en eau a eu lieu en 2016. Pour transporter l’énergie produite via le réseau national, il a fallu installer jusqu’à 28 km de câble électrique. Mais ce projet ne sert pas seulement à produire de l’électricité.
De l’eau pour la population et pour l’irrigation
L’eau stockée au niveau de la retenue du barrage d’Atbara provient de deux rivières : Setit et Upper Atbara, qui se déversent dans le Nil. Le projet a coûté pas moins de 1,1 milliard de dollars. Les financements proviennent d’une de partenaires au développement. Il s’agit de la Banque arabe de développement économique et social (BADEA), de la Banque de développement du Koweït, de la Banque saoudienne de développement, de la Jeddah Development Islamic Bank, du Fonds d’Abu Dhabi pour le développement et du Fonds OPEP pour le développement international.
Autant de partenaires pour un projet qui va permettre à des milliers de Soudanais de consommer de l’eau potable. Pendant la saison des pluies, les deux affluents du Nil qui alimentent ce barrage atteignent un niveau de crue très important. Pour gérer ce trop-plein au niveau de la retenue, qui risque d’inonder les populations situées près de l’infrastructure, ou en amont des deux rivières, les ingénieurs de l’entreprise allemande Lahmeyer ont construit deux déversoirs indépendants. Ils sont capables d’accueillir jusqu’à 16 000 m3 d’eau par seconde. Ces déversoirs sont la propriété Dams Implementation Unit (DIU), un organisme du gouvernement soudanais qui gère les projets hydrauliques dans le pays, dont celui d’Atbara.
Selon Lahmeyer, les déversoirs ont déjà recueilli 2,5 milliards de m3 d’eau en 3 ans. Cette eau est traitée puis consommée par au moins 450 000 personnes, en majorité dans la ville de Gadarif, située à l’est du Soudan. D’après toujours cette entreprise qui compte aujourd’hui 1 300 employés dans le monde, une bonne partie de cette eau est destinée à l’irrigation. C’est sa filiale GKW Consult qui s’occupe de cette partie du projet. Ce sont en 300 000 hectares de plantations qui sont ainsi irrigués. GKW Consult prévoit ainsi d’étendre cette capacité à 450 000 hectares. Tout ceci s’inscrit dans le cadre du « projet d’approvisionnement en eau de Gedaref ». L’un de ses objectifs est de fournir de l’eau à deux autres projets : projet agricole Wadi Halfa et projet agricole Upper Atabra.
Jean Marie Takouleu