Eurafric, le forum annuel « Eau & Énergie en Afrique », organisé par l’Agence de développement des entreprises en Afrique (ADEA), a réuni de nombreux décideurs africains et des apporteurs de solutions vertes sur BePositive, le salon de la transition énergétique et numérique des bâtiments et des territoires, qui accueillait le forum à Lyon (France) du 13 au 15 février 2019. Abdoulaye Kanté, directeur de l’ADEA, souligne l’intérêt du rapprochement avec BePositive pour des délégations qui ont mis les énergies renouvelables au centre de leurs intérêts. « Cette année, outre les projets de grands barrages du Pool énergétique de l’Afrique centrale (PEAC), ce sont le pompage solaire pour l’AEP (adduction d’eau potable) et l’éclairage public intelligent, qui ont concentré l’attention des décideurs africains. » précise encore le directeur de l’ADEA.
Dès la veille de l’inauguration officielle, le mercredi 13 février, la convention d’affaires voyait se mêler les membres de 15 délégations africaines à la trentaine d’entreprises participantes, lors de rendez-vous BtoB. Le Mali et la Guinée Conakry étaient particulièrement bien représentés, mais également la Côte d’Ivoire, la RDC, le Togo, le Burkina Faso, le Burundi, la République du Congo, le Gabon, la Mauritanie… Tandis qu’en face, tout au long des trois jours où se prolongeaient ces échanges informels, étaient présents les apporteurs de solutions : EnR Consulting, Sifoe, Sensus Xylem, Powidian, Hydrimpex, Alternativ, TSV, Sylène, Lagazel, Ragni/Novea…
L’éclairage public au centre de toutes les attentions d’Eurafric
Jean-Christophe Ragni, DG Associé du Groupe et Laurent Herbaut, responsable de la zone Afrique, sont d’ailleurs des habitués du forum Eurafric. L’entreprise Ragni, spécialisée dans l’éclairage public et le mobilier urbain, est présente en Afrique depuis presque 40 ans. Elle a ouvert un premier bureau en 1995 à Casablanca au Maroc, puis à Libreville au Gabon, en Guinée équatoriale et enfin au Congo Brazzaville. Présents dans une trentaine de pays, Ragni et sa filiale Novea Énergies, spécialiste de l’éclairage solaire, réalisent aujourd’hui un chiffre d’affaires sur le continent de près de 10 millions d’euros, presque deux tiers du CA export et pas loin de 20 % du CA global.
Le lendemain, jour de l’inauguration officielle, Rudy Belliard, DG de Novea Énergies était d’ailleurs présent, aux côtés de Nicolas Mercadal, responsable marketing produit de Sunna Design et Éric Tolot de Fonroche, lors de la présentation par Philippe Malbranche, DG de l’Ines, du Guide pratique « Lampadaires solaires autonomes », coordonné par Solenn Anquetin, responsable des programmes internationaux à l’Institut national de l’énergie solaire. Faire travailler trois concurrents sur un même guide pratique fut certainement une gageure, mais le résultat est à la hauteur du défi. Il fourmille de conseils concrets et précis pour éviter que, comme en Guinée Conakry, 38 000 lampadaires solaires soient installés et que, moins d’une décennie plus tard, 95 % soient hors d’usage. Comme le confiait les décideurs présents sur Eurafric, les lampadaires installés en 2012 sont en cours de dépose et de nouveaux éclairages sont en cours de montage. Mais, chat échaudé craignant l’eau froide, Conakry a donc décidé de s’offrir de l’éclairage public intelligent, mais raccordé au réseau, avec une consommation néanmoins diminuée de 40 à 60 %. Il reste d’ailleurs encore 10 000 lampadaires à poser sur un réseau de routes secondaires de 36 km. Bamako, la capitale du Mali, fera sans doute le même choix pour les quelque 15 000 lampadaires à installer prochainement. Tandis que Porto Novo, la capitale du Bénin, s’orienterait plutôt vers de l’éclairage autonome solaire. De la conférence de l’Ines, on retient les difficultés sur le terrain concernant le vandalisme, le vol de batteries, l’encrassement et les difficultés de maintenir le parc en état. Des réponses techniques et fonctionnelles ont été apportées, mais l’avenir tient sans doute en une phrase prononcée par Nicolas Mercadal : « Comme aux États-Unis, dans quelques années, les décideurs africains n’achèteront bientôt plus des produits (les lampadaires) mais un service (l’éclairage). »
BePositive, Eurafric et Lightning Days, une combinaison gagnante
D’autres conférences ont fait l’intérêt de l’événement. En particulier celles où l’Ines intervenait : la présentation de l’Alliance solaire internationale (ASI), avec 90 personnes dans la salle et le témoignage de 7 pays africains sur leur expérience de projets solaires ; la conférence sur les outils de financement du solaire ; l’atelier de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et celui sur l’électrification rurale en Afrique, avec 50 participants et le témoignage de 4 pays. On retient également la présentation, par BPI France, des garanties publiques et des financements de projets à l’international.
Globalement, ce qui frappait le visiteur lors de ces rendez-vous, c’est la fluidité et la cohérence de l’offre. Entre Eurafric, BePositive et Lightning days (le rendez-vous de l’éclairage et des technologies LED), le visiteur africain passait ainsi d’une conférence ou d’un stand à l’autre pour découvrir des conseils de financement, des outils, des solutions et des innovations pour s’armer face à la transition énergétique en cours. Lors de la dernière journée, une visite du salon était organisée par Abdoulaye Kanté. Les délégations africaines y ont été particulièrement bien accueillies chez EDF Énergies nouvelles et sa filiale Photowatt ainsi que chez Recom Sillia.
Christoph Haushofer