Il s’agit de la plus grande réserve protégée d’Afrique : 54 600 km2, c’est la dimension de la réserve de Selous pour laquelle le gouvernement vient de lancer un appel d’offres concernant une déforestation à grande échelle. Sur les documents de cet appel d’offres, qui ont été largement diffusés par des sites d’information tanzaniens, on peut lire qu’il s’agit de vendre les arbres sur une superficie de plus de 148 000 hectares.
En tout, ce sont plus de 1 500 km2 de forêts qui seront entièrement déboisés, avec plus de 2,6 millions d’arbres coupés. Montant total des recettes attendues : 62 millions de dollars. Cette somme devrait permettre de financer en partie le projet de construction du barrage hydroélectrique de Stiegler’s Gorge sur le même site.
Le barrage hydroélectrique de Stiegler’s Gorge
Pour le moment, aucune information n’a filtré sur l’identité des entreprises susceptibles d’acheter la partie du parc de Selous qui vient d’être mis en vente. Le projet de construction du barrage hydroélectrique prend de plus en plus forme, d’autant plus que le début des travaux est prévu pour juillet 2018.
Au parlement tanzanien, les députés examinent en ce moment même le projet de construction des routes et des pistes d’atterrissage qui devraient permettre de désenclaver la zone du nouveau barrage. Le budget sera voté d’ici la semaine prochaine. Le barrage de Siegler’s Gorge va être construit sur la rivière Rufiji qui divise la réserve de Selous en deux et se jette dans l’océan indien au sud-est du pays. Il devra produire 2100 mégawatts d’électricité.
La fronde !
La construction du barrage hydroélectrique n’est pas sans dangers pour l’environnement autour de la réserve de Selous, qui perd plus de la moitié de sa superficie, qui atteint actuellement encore 55 000 km2. Cette réserve regorge de nombreuses espèces d’animaux en voie de disparition comme les éléphants (110 000 bêtes), les lions ou encore des girafes. C’est ce qui a d’ailleurs justifié son classement au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.
L’organisation a vivement réagi à l’annonce de ce projet par le gouvernement en exprimant son opposition. De son côté, le World Wild Fund (WWF) s’est réuni en urgence à Washington après l’annonce des autorités tanzaniennes et a appelé les bailleurs de fonds à ne pas soutenir ce projet de barrage.
Pour Ian Michler, photoreporter, défenseur de l’environnement et spécialiste des safaris, la destruction de cette végétation serait un grand manque à gagner pour la réserve animalière de Selous qui reçoit des milliers de touristes chaque année. Reste la question de l’étude d’impact de ces mesures de déforestation et de la construction du barrage en général, sans parler du destin incertain de milliers d’espèces animales de la réserve ? Le gouvernement n’a pas encore fait d’annonce à ce sujet.
Jean Marie Takouleu