C’est l’une des plus grandes plateformes de financements innovants au monde. Le Fonds d’investissement climatique (FIC) basé à Washington aux États-Unis d’Amérique a une nouvelle présidente-directrice générale. Il s’agit de la Nigériane Tariye Gbadegesin qui remplace à ce poste la Portugaise Mafalda Duarte désormais à la tête du Fonds vert pour le Climat (FVC) dont le siège se trouve en Corée du Sud.
La nomination de Tariye Tariye Gbadegesin par les administrateurs du FIC est un signal fort envoyé à la communauté internationale à la veille du lancement de la 28e Conférence des parties des Nations unies (COP28) sur les changements climatiques qui se tient à Dubaï jusqu’au 12 décembre 2023. En effet, c’est la première fois qu’une Africaine d’origine dirigera une telle organisation souvent taxée d’être plus favorable aux besoins de financement climatiques des pays d’Amérique et d’Asie au détriment des États africains.
Pour avoir géré tour à tour le fonds panafricain ARM-Harith Infrastructure Investments qui investit dans la transition énergétique, et l’Initiative volontaire pour l’intégrité des marchés du carbone (VCMI), la diplômée de la Harvard Business School mesure bien les défis qui l’attendent. Elle aura en charge un portefeuille de 11 milliards de dollars alimenté par les banques multilatérales de développement (BMD) et le Groupe des 20 États les plus développés (G20) pour promouvoir des solutions fondées sur la nature ainsi que la décarbonation des économies de 72 pays en développement.
Ces enjeux de la finance climatique qui attendent Tariye Gbadegesin
Parmi ces pays figurent bien sûr sa patrie le Nigeria, où le FIC a financé à hauteur de 20 millions de dollars le projet de construction du téléphérique de Lagos en 2020. Ce mode de transport qui est encore à ses premiers essais sur le continent africain est une alternative écologique aux milliers de mototaxis et d’autobus fonctionnant au diesel dans la capitale économique nigériane peuplée actuellement de 21 millions d’habitants. Tariye Gbadegesin devra donc imprimer sa marque singulière dans ce type d’interventions financières dès sa prise de fonction en mars 2024.
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Ce sera dans un contexte encore marqué par les écarts de financement entre le Nord et le Sud, le grand débat sur la fin des énergies fossiles et la souveraineté alimentaire. Si la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque asiatique de développement (ADB) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) sont les principaux pourvoyeurs, il n’est pas à exclure que la nouvelle PDG du Fonds d’investissement climatique implique davantage le secteur privé dans sa mission de mobiliser les capitaux pour le climat.
Benoit-Ivan Wansi