Après 5 000 km de vol entre l’Afrique du Sud et le Tchad, six rhinocéros vont être réintroduits dans le parc national de Zakouma (situé dans la ville de Zakouma, au sud du Tchad). L’information a été rendue publique par la direction des parcs nationaux sud-africains. Le Tchad, où la population de ce rhinocérotidé est en extinction depuis les années 1972 et où des mesures ont été mises en place pour lutter contre le braconnage, pourrait ainsi devenir un nouveau réservoir de rhinocéros noirs.
« En établissant une espèce viable et protégée au Tchad, nous contribuons à l’expansion de leur population en Afrique et à la survie d’une espèce qui a beaucoup souffert de braconnage ces six dernières années », a déclaré la ministre sud-africaine de l’Environnement Edna Molewa.
En octobre 2017 le Tchad et l’ONG sud-africaine de protection de la nature, African Parks, ont signé un accord de coopération dont le but était de protéger la biodiversité et de garantir la survie des espèces animales en voie de disparition à Zakouma. Cet accord prévoyait aussi la réintroduction du rhinocéros noir dans le Parc national de cette ville.
Coopérer pour la sauver les espèces
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la situation de cette espèce reste préoccupante, car elle demeure dans la catégorie « en danger critique d’extinction ». En Afrique, il reste à peine 5 000 spécimens de rhinocéros noirs (contre plus de 60 000 dans les années 60’), et l’Afrique du Sud à elle seule en possède près de 1900. Le pays de Mandela détient par ailleurs près de 20 000 rhinocéros blancs, soit près de 80 % de l’espèce à l’échelle mondiale. Autrefois le Rhinocéros noir était présent dans toutes les savanes africaines et bien plus répandu que le blanc. Les rhinocéros sont tués en Afrique et envoyés en Chine ou au Vietnam, où ils sont utilisés dans la médecine traditionnelle.
L’Afrique du Sud vole ainsi au secours du Tchad après avoir aidé le Bostwana, la Tanzanie, la Zambie, le Malawi et le Rwanda. De nombreux problèmes de conservation de la nature sont communs aux différents pays africains. Depuis quelques années, ces derniers commencent à mettre leurs efforts en commun pour trouver des solutions contre le braconnage et la baisse de biodiversité dans leur région. Pour l’Afrique du Sud, ce transfert est une manière de tisser des relations, de trouver pour les pays africains des solutions communes afin de faire face à des défis communs. Dans le même esprit, l’UICN annonçait fin mars 2018 une nouvelle stratégie pour la conservation de la gazelle de Cuvier en Afrique du Nord : des efforts concertés entre les agences gouvernementales dédiées à la conservation de la biodiversité au Maroc, en Algérie et en Tunisie, pour la sauvegarde d’une espèce emblématique et endémique.
Luchelle Feukeng