La capitale du Togo croule sous les déchets. Et les populations accueillent donc à bras ouvert le projet de l’ONG Science et technologie africaine pour un développement durable (Stadd) de collecter, trier et recycler les déchets plastiques.
C’est à Avenou Soviépé, un quartier de la ville de Lomé, que l’ONG Science et technologie africaine pour un développement durable (Stadd) a installé son unité de transformation, de tri, et de recyclage des déchets plastiques. Depuis 2015, l’organisation non gouvernementale a obtenu cet espace de la part de la municipalité de Lomé. Un an après elle a pu acquérir sa première unité de recyclage d’une valeur de 4,9 millions de francs CFA, soit plus de 7 400 euros. Le projet est alors financé par le Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes (Faidj).
À partir de là, Stadd démarre la construction de l’usine de transformation. Suivra une phase d’essai de trois mois qui a permis à l’établissement de transformer plus 50 tonnes de déchets. Mais pour fonctionner normalement, l’organisation doit pouvoir recruter de la main d’œuvre. D’où le financement d’un montant de 15 millions de francs CFA (plus de 22 000 euros) de la part du Programme de microfinance du Fond de l’environnement mondial PMF/FEM. À cela, il faut ajouter une enveloppe de plus de 3, 3 millions de francs CFA de la part du Service de coopération et d’action culturelle (SCAC), un organisme qui est chargé de la conception, de la mise en œuvre et de l’animation des actions de coopération de la France dans les domaines de la culture et du développement.
Cet argent a permis de recruter 22 personnes qui s’occupent de la sensibilisation, de la collecte, du tri et du recyclage des déchets plastiques. Rien que pour la phase test de trois mois, 1500 foyers de la capitale togolaise ont été touchés par l’opération. Les déchets collectés par l’ONG seront triés, traités et revendus « en vue d’un recyclage industrielle ».
Lomé, une ville encore polluée par les déchets
Lomé, une ville peuplée de plus 1,4 million habitants, souffre de problèmes de pollution par les déchets. La capitale du Togo ne compte qu’une seule décharge, celle d’Agoè Nyivé, où plus 280 000 tonnes de déchets sont acheminées chaque année. Ce qui représente 80 % des ordures produites dans la ville. Le reste se retrouve dans la rue. La municipalité de Lomé essaie de résoudre le problème (1,5 milliard de francs CFA sont investis chaque année), mais sans résultat probant.
Il y a de cela quelques mois, elle a encouragé les populations de la ville à créer des entreprises de collecte. Mais, ce sont les populations elles-mêmes qui devaient aider ces entreprises à fonctionner. « Après avoir débarrassé une maison de ses ordures, il faut encore payer 1000 francs CFA (1,5 euro) l’entreprise de collecte. Une somme que beaucoup de familles ont du mal à régler », raconte Adake Akouété, le directeur de l’entreprise de collecte Sef Togo.
Un ancrage local
La solution proposée par l’ONG Stadd inclut la participation des populations, mais d’une autre manière. Elle a déjà débuté une campagne pour les sensibiliser au tri des déchets. Ceci facilite le travail de ses agents déployés sur le terrain.
L’organisation a également pour ambition d’accompagner les autres villes togolaises à résoudre le problème de pollution par les déchets. D’ailleurs, c’est ce qu’elle a mentionné dans sa feuille de route ouvrant la signature du protocole de financement avec le Fonds pour l’environnement mondial. Un ancrage local qui a de fortes chances de réussir puisque l’ONG a également pour vocation de former les jeunes à l’entrepreneuriat pour créer « une richesse durable » dans plusieurs villes du Togo.
Jean Marie Takouleu