La plainte déposée auprès du tribunal judiciaire de Paris vise le Conseil d’administration du pétrogazier français TotalEnergies, son président-directeur général Patrick Pouyanné et ses actionnaires. Il s’agit entre autres du gestionnaire d’actifs américain BlackRock ou encore de la Banque centrale de Norvège (Norges Bank).
Ces acteurs majeurs du secteur des hydrocarbures sont traînés au pénal pour « homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui, abstention de combattre un sinistre et atteinte à la biodiversité ». La plainte est déposée par un collectif d’organisations non gouvernementales (ONG) formé de Bloom, l’Alliance Santé Planétaire basées à Paris, et la mexicaine Nuestro Futuro. Mais aussi de huit victimes du changement climatique de tous les continents, dont la Zimbabwéenne Hilda T., une survivante du cyclone Idai qui a déplacé des millions de personnes dans plusieurs pays d’Afrique australe en 2019.
Des plaignants de tous les continents
Les autres plaignants, également victimes de catastrophes naturelles, viennent de de la France, du Pakistan, de la Grèce, de Belgique, d’Australie et des Philippines. Après la plainte, « le procureur de la République aura toute latitude pour ouvrir une enquête préliminaire ou une information judiciaire afin d’établir les responsabilités pour les faits invoqués », indique le collectif.
Et d’ajouter qu’une telle initiative vise à « mettre un terme définitif à l’expansion de l’extraction des combustibles fossiles, qui conduit à une situation sans précédent : un “globocide”, c’est-à-dire la perturbation irréversible du Système Terre et de la biosphère dans son ensemble ». Pour l’heure, TotalEnergie continue d’ouvrir des puits d’énergies fossiles sur le continent africain.
TotalEnergies réaffirme sa stratégie en Afrique
Le géant français des hydrocarbures a récemment donné son accord final pour un investissement de 6 milliards de dollars pour l’exploitation des champs pétroliers de Cameia et Golfinho, situé à 100 km au large des côtes angolaises. À 1 700 m de profondeur, TotalEnergies pompera 70 000 barils de pétrole brut par jour d’ici à 2028.
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Une décision d’investissement qui confirme la stratégie de TotalEnergies en faveur de la poursuite de la production des énergies fossiles. Pourtant, « les scientifiques ont désormais établi que les catastrophes dites “naturelles” le sont de moins en moins : l’augmentation de leur intensité et de leur fréquence est une conséquence directe du changement climatique, dont les combustibles fossiles sont responsables à 80 % », indique le collectif d’ONG et de victimes de la crise climatique.
La détermination des ONG
Face à cette situation, « nous sommes déterminés à arrêter les criminels climatiques. C’est tout simplement devenu une question de vie ou de mort », déclare Claire Nouvian, la fondatrice et directrice de Bloom. L’ONG prévient par ailleurs que « si aucune suite n’est donnée par le procureur de la République d’ici trois mois, les plaignants ont la possibilité de se constituer partie civile et de saisir un juge d’instruction pour demander l’ouverture d’une information judiciaire ».
La plainte est déposée à quelques jours de l’Assemblée générale de TotalEnergies prévue ce vendredi 24 mai 2024 à Paris. Cette action en justice sera sans doute au menu des discussions entre les actionnaires du groupe pétrolier qui a réalisé plus de 19 milliards d’euros de bénéfices en 2023, les plus importants de son histoire.
Jean Marie Takouleu