Une nouvelle initiative se propose de nettoyer la Méditerranée, afin d’en préserver la biodiversité. Le projet COMMON a été lancé le 19 décembre 2019 à Monastir, une ville côtière du Sahel tunisien, située au centre-est du pays. Financée par l’Union européenne (UE), à hauteur de 2,2 millions d’euros, COMMON est une plateforme pour la gestion intégrée des déchets marins en méditerranée.
Placé sous la coordination de l’ONG italienne « Legambiente » ce projet consiste à améliorer la sensibilisation du public à la question des déchets marins, à développer des activités de formation et à renforcer des capacités pour des autorités locales et régionales, des aires marines protégées, des centres de sauvetage des tortues marines et des citoyens en général. Ces travaux se déroulent sur cinq sites pilotes : deux en Italie (Maremme et Pouilles), deux en Tunisie (iles Kuriat et Monastir) et une au Liban (Tyr).
La Méditerranée, une mer en danger
Le lancement du projet COMMON intervient dans un contexte marqué par une pollution croissante de la mer Méditerranée. « La densité des déchets a plus que doublé en trente ans. « Elle tournait autour de 100 déchets par kilomètre carré dans les années 1990. En 2012, elle avait grimpé autour de 200, et en 2015 elle a atteint son maximum avec près de 300 déchets/km2 », explique Olivia Gérigny, chercheuse à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).
Selon l’institut, la hausse de la production de plastiques (qui constituent 60 % des déchets tapis dans les fonds marins), est en partie responsable de cette pollution. La Tunisie en ce qui la concerne, a généré en 2016, 0,25 million de tonnes de déchets plastiques, dont 0,05 Mt (20 %) ne sont pas collectés et 0,20 Mt (80 %) collecté pour le traitement des déchets. Seul 0,15 Mt (60 %) de ces déchets ont été envoyés dans des décharges, contre 0,04 Mt (16 %) librement éliminé dans la nature et uniquement 0,01 Mt (4 %) a été recyclé » a rappelé L’INSTM.
Les déchets non collectés finissent généralement dans la mer, où ils menacent la biodiversité marine. Avec 0,7 % de la surface des océans et 7 % des espèces marines, le cas de la méditerranée est dès lors inquiétant. “Nous constatons une chute drastique de la biodiversité. On estime que 90 % des grandes espèces pélagiques comme le thon ou le maquereau ont disparu. C’est énorme” s’indigne Vincent Laudet, ancien directeur de l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer.
Boris Ngounou