Les travailleurs du secteur des déchets font partie des professionnels les plus exposés à la contamination au coronavirus. En Tunisie où la pandémie avait fait un bilan de 84 morts et 278 cas de contamination à la date du 28 mars 2020, le gouvernement a reconnu le danger encouru par les éboueurs, les chiffonniers et les collecteurs de plastique. Le ministère tunisien de l’Environnement a ainsi regretté, dans un communiqué publié le 21 mars 2020, l’absence d’un plan stratégique de lutte contre le coronavirus, en particulier, au niveau des déchets ménagers concernant les personnes contaminées par le Covid19 ou celles mises en quarantaine.
Pour réduire les risques de transmission du coronavirus dans la gestion des déchets en Tunisie, le ministère de l’Environnement a décidé de travailler de concert avec le ministère de la Santé publique. Cette collaboration vise à maîtriser la gestion des déchets produits par les hôpitaux abritant des personnes contaminées par le Covid19 ou des sujets mis en quarantaine, et ce à travers les sociétés autorisées à collecter les déchets de soin. Le département de l’environnement a aussi, recommandé aux agences sous sa tutelle de se rapprocher des autorités locales pour une élimination convenable, de ces déchets en les désinfectant ou en les incinérant.
En Tunisie, la gestion des déchets dangereux est remise en question
L’intérêt des autorités tunisiennes pour la protection des éboueurs contre le coronavirus a été provoqué par les dénonciations de la société civile. Suite à la déclaration des premiers cas de contamination au coronavirus en Tunisie, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDS) a exprimé son inquiétude face à « l’insouciance des autorités, malgré les avertissements répétés des experts concernant le traitement des déchets dangereux ». L’organisation a notamment exigé l’adoption des mesures exceptionnelles et nationales pour éviter de transformer les déchets en source de contamination au Covid-19. À ce titre, le ministère de la Santé publique a été appelé à doter les autorités locales de la liste des personnes en quarantaine dans chaque municipalité, pour mettre en place un plan anticipé de prévention contre les risques de contamination.
Ainsi, pour le FTDS les déchets ménagers produits par les personnes infectées doivent être traités, au même titre que les déchets dangereux.
Cependant, la gestion et l’élimination des déchets dangereux restent à parfaire en Tunisie. Les industriels ont le plus souvent recours au stockage de ces déchets dans des espaces limités. Ce qui ne résout pas le problème de pollution. Selon des chiffres officiels publiés en 2016, la Tunisie produit chaque année, 150 000 tonnes de déchets industriels dangereux et 16 000 tonnes de déchets d’activités de soins. Des déchets qui sont soit stockés, soit rejetés en mer.
Boris Ngounou