En Tunisie, l’ingénierie écologique propose une nouvelle alternative pour contourner les problèmes agricoles liés au manque de ressources hydriques. Il s’agit du « diffuseur enterré », une invention révolutionnaire, qui permet de gérer de manière optimale les eaux d’irrigation, tout en les conservant. Intervenant à la racine des plantes et des arbres irrigués, ce diffuseur élimine les pertes par évaporation, réduit le travail du sol et permet une grande économie d’eau. À titre de comparaison, ce système consomme jusqu’à 70 % en moins que l’irrigation goutte à goutte.
« L’air injecté dans l’eau d’irrigation sous forme de petites bulles se compose principalement, d’oxygène, d’azote et de dioxyde de carbone. Ces gaz, lorsqu’ils atteignent la zone des racines, contribuent grandement au développement de la vie des microbes et des petits animaux dans ces sols. Ces petits animaux bénéfiques consomment des gaz pour leur croissance et leur multiplication, et transforment les engrais solides ou liquides en molécules qui sont absorbées par les racines », explique l’inventeur du « diffuseur enterré », l’agronome tunisien et spécialiste des zones arides, Belachheb Chahbani.
Le « diffuseur enterré », une chance pour la Tunisie ?
La Tunisie, dont le secteur agricole consomme, à lui seul, plus de 80 % des ressources en eau disponibles, est actuellement confrontée à un manque de ressources en eau douce. Le pays d’Afrique du Nord a atteint 92 % de la mobilisation des eaux de surface et malgré les investissements réalisés jusqu’ici, la Tunisie demeure en situation de pénurie d’eau absolue avec une dotation inférieure à 500 mètres cubes par habitant, par an. En pareilles circonstances, le « diffuseur enterré » apporte un gage de préservation et de développement de la biodiversité dans ce pays au climat aride, où l’invention peut être utilisée pour l’irrigation des arbres et des arbustes fruitiers et forestiers ainsi que pour des cultures maraichères et les plantes ornementales mises dans des pots, conteneurs, vases et bacs.
Le système a été mis sur le marché par « Chahtech SA », une entreprise familiale créée par l’inventeur. Le diffuseur est sollicité par neuf pays africains confrontés au problème de pénurie d’eau, dont le Maroc, où plus de 20 000 unités ont été achetées en janvier 2019 pour être exploitées dans des projets agricoles pilotes.
Boris Ngounou