À Tabarka comme dans les autres villes côtières du nord de la Tunisie, les corailleurs peinent à payer leurs charges face à l’augmentation des coûts de logistique. Les prix de l’hélium, nécessaire pour la plongée profonde, ont quadruplé en dix ans, poussant bon nombre de pêcheurs professionnels de corail à abandonner l’activité. Une situation qui profite aux contrebandiers, qui ne s’acquittent d’aucunes contraintes fiscales et réglementaires. Ces derniers bénéficient en plus de la valeur marchande des coraux, avec des prix à l’export pouvant atteindre 5 000 euros le kilogramme.
Dans leur quête vers « l’or rouge », les pêcheurs illégaux emploient des techniques non durables et non respectueux de la biodiversité. « Cela consiste à tracter des grosses chaînes sur lesquelles on accroche des morceaux de filet. Ces grosses chaînes sont à leur tour tractées par des unités de pêche, notamment des bateaux d’environ 10 mètres de long, dotés de moteurs de 200 à 300 chevaux » explique Slim Medimegh, plongeur professionnel à Tabarka.
Pour mettre fin à cette pratique, des unités de la Marine nationale tunisienne multiplient des opérations de surveillance et d’interpellation d’embarcations de pêche de Corail sans autorisation. Cela a permis entre autres, la saisie de 12,7 Kg de corail le 13 octobre 2023 au port de pêche de Zerzouna, situé au nord de la Tunisie. C’est dans cette même région qu’en 2019, les autorités tunisiennes ont démantelé un réseau de trafic international en possession d’un butin de 600 kg de corail, d’une valeur de 2 millions d’euros. Les trafiquants s’apprêtaient à exporter la cargaison vers l’Italie, principale destination des coraux méditerranéens. Ces invertébrés marins au squelette externe en calcaire y sont transformés en bijoux, notamment des colliers, des bracelets, des boucles d’oreilles, et des bagues.
Une espèce marine déjà menacée par le changement climatique
Le corail est un minuscule animal marin qui vit en colonie, avec d’autres individus de son espèce. Ceux-ci forment des récifs coralliens essentiels à l’équilibre biologique de l’océan, en ceci qu’ils abritent près de 25% des espèces marines.
Mais outre le braconnage et d’autres causes humaines telles que la pollution ou encore de la surpêche, les écosystèmes coralliens sont menacés de disparition partout dans le monde, à cause du changement climatique.
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D’après une étude publiée en décembre 2021 en marge de la 26e conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26), les récifs coralliens vivent et prospèrent à des températures comprises entre 25 °C et 40 °C, et si la température dépasse ces limites, les récifs blanchissent et finissent par mourir.
Boris Ngounou