L’affaire des « déchets importés d’Italie » défraie la chronique en Tunisie. Dans une récente sortie, le ministère des Affaires locales et de l’Environnement a réagi, indiquant qu’une réunion multipartite a été dédiée à cette affaire pour aboutir à la décision de refuser tous les nouveaux conteneurs et de rendre à la source toutes les quantités précédemment importées. Le ministère qui avoue ne pas délivrer de licence pour l’importation des déchets de l’étranger annonce par ailleurs l’ouverture d’une enquête afin d’établir les responsabilités dans cette affaire qui passe pour un scandale.
Les précisions du gouvernement interviennent au lendemain de la diffusion sur une chaîne de télévision privée d’un reportage d’investigation, faisant savoir, que 70 conteneurs de déchets en provenance d’Italie avec 120 tonnes d’ordures comprenant des déchets hospitaliers ont été saisis, à leur arrivée au port de Tunis. Et selon la même source, plus de 200 autres conteneurs seraient encore en attente dans le port de Sousse, en provenance d’Italie. L’entreprise tunisienne à l’origine de cette importation avait conclu un accord avec une société italienne pour l’importation de 120 000 tonnes de déchets par an, en raison de 48 euros par tonne. Le montant total du marché est de l’ordre de 18 millions de dinars par an. L’affaire a été découverte par les services douaniers depuis juillet 2020, mais ce n’est qu’après sa médiatisation que le gouvernement a décidé de s’en saisir.
L’Afrique demeure un dépotoir de déchets dangereux venus de l’occident
L’importation des déchets est en effet interdite en Tunisie. Le pays d’Afrique du Nord est signataire de plusieurs conventions internationales concernant les déchets. Il s’agit surtout de la Convention de Bale sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, adoptée depuis le 22 mars 1989, et la Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des mouvements transfrontières et la gestion des déchets dangereux produits en Afrique.
Comme la Tunisie, beaucoup d’autres pays africains ont reçu de déchets dangereux en provenance d’Europe ces derniers mois. En juin 2020, trente-quatre personnes ont été interpellées en Espagne, pour avoir tenté d’exporter frauduleusement 2 500 tonnes de déchets électroniques vers huit pays africains, dont le Nigéria. Ce pays d’Afrique de l’Ouest est devenu coutumier du fait, avec l’importation, entre 2015 et 2016, d’environ 16 900 tonnes de déchets électroniques en provenance d’Europe.
Boris Ngounou