En Tunisie, la sécheresse impose davantage de restrictions dans l’utilisation de l’eau. Depuis le 31 mars 2023, les agriculteurs de ce pays d’Afrique du Nord ont l’interdiction d’utiliser de l’eau destinée à la consommation pour irriguer leurs cultures. Cette mesure prise par le ministère tunisien de l’Agriculture, des Ressources en eau et de la Pêche a pour objectif de préserver les réserves des barrages, avec des niveaux de remplissage désormais inquiétants en raison de la sécheresse.
Le secteur agricole consomme plus de 80 % des réserves d’eau de la Tunisie, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le respect de cette réglementation rendra disponible suffisamment d’eau pour satisfaire les besoins des populations.
Des sanctions pour des cas d’infraction
Les restrictions d’utilisation de l’eau potable annoncée récemment par le ministère tunisien de l’Agriculture seront effectives jusqu’en fin septembre 2023. Elles s’appliquent également aux activités comme l’arrosage des espaces verts, le nettoyage des rues et des espaces publics. Les autorités tunisiennes ont souligné que les particuliers ne sont pas exemptés de cette réglementation.
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Le ministère tunisien de l’Agriculture a désigné la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) pour veiller au respect de cette nouvelle mesure dans le secteur de l’eau. Ainsi, la compagnie publique pourra sans préavis procéder à l’arrêt de l’approvisionnement en eau potable des contrevenants, puis engager des poursuites judiciaires qui déboucheraient sur des incarcérations de six jours à neuf mois. Le gouvernement tunisien prévoit également des amendes comprises entre 60 à 1 000 dinars tunisiens, soit de 18 à 300 euros.
L’impact sur la production agricole
Si la décision d’interdire l’utilisation de l’eau potable dans d’autres secteurs d’activités réduira la pression sur les 36 barrages de la Tunisie, d’une capacité totale de 2,988 millions de m3 selon l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), cette mesure aura d’importantes conséquences sur l’agriculture, qui représente environ 10 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. Parmi ces conséquences, la réduction de la production agricole, l’augmentation de la dépendance vis-à-vis des importations pour éviter la crise alimentaire. « La récolte de céréales de la Tunisie sera désastreuse. Avec la sécheresse, la production devrait se situer entre 200 et 250 000 tonnes cette année, contre 750 000 tonnes en 2022 », indique Mohamed Rjaibia, un haut responsable du syndicat des agriculteurs à l’agence de presse Reuters.
Le manque d’eau pour l’arrosage des espaces verts accélèrera l’assèchement des gazons, impactant la beauté des paysages urbains pourtant nécessaires à l’épanouissement des populations. L’assainissement urbain en prendra également un coup. Ce service essentiel dépend en grande partie de l’eau.
Inès Magoum