Des forestiers du nord-ouest de la Tunisie appellent le gouvernement à créer une agence autonome de gestion des parcs nationaux. Depuis la révolution du 14 janvier 2011, ces sites très riches en biodiversité, sont de plus en plus fragiles et exposés à de multiples menaces.
L’emprise exercée sur les parcs nationaux tunisiens à la fois par plusieurs départements ministériels, complique leur gestion, la rend inefficace et crée un chevauchement des rôles. C’est l’avis exprimé le 10 novembre 2021 par des forestiers du nord-ouest de la Tunisie, au cours d’une formation organisée par le bureau du fonds mondial pour la nature en Afrique du Nord (WWF-Afrique du Nord) à Tunis, sur « le rôle des médias dans la conservation de la biodiversité en Tunisie ».
L’un des intervenants, Noureddine Azizi, le chef de l’arrondissement des forêts à Tabarka, estime qu’« une gestion inefficace de ces sites naturels pourrait davantage les dégrader et les mener à des pertes énormes et irréversibles en biodiversité, dans le contexte actuel des changements climatiques ». Dans le même sens, Lazhar Hamdi, le chargé du contentieux au sein de l’arrondissement des forêts d’Ain Draham soutiendra que «la conservation des milieux naturels ne pourrait être efficiente que si des experts de la faune et de la flore effectuent une analyse des données corroborée par des observations minutieuses sur le terrain et que de telles actions soient mieux coordonnées ». Ainsi, pour ces forestiers, il devient de plus en plus urgent de créer une structure administrative et financière autonome afin de fluidifier les interventions et les actions de développement des parcs nationaux en Tunisie, faciliter leur labellisation et leur donner une visibilité à l’international.
Une dégradation des parcs accentuée par le « printemps arabe »
L’état de décrépitude actuel des parcs tunisiens est en grande partie consécutif à la révolution populaire du 14 janvier 2011 « printemps arabe ». L’un des dommages les plus notoires, est celui de la destruction des clôtures et des barrières dans toutes les aires protégées. Cela a permis une accessibilité non contrôlée dans les parcs et favorisé un braconnage des animaux sauvages y compris des espèces menacées comme oryx dammah, gazella dorcas, gazella cuvieri, etc. Les autres atteintes concernent la destruction de locaux (enseignes des parcs et postes de gardiennage) et la mise en place des pâturages ovins et bovins à l’intérieur des parcs, d’une chasse et d’une pêche illicites et intensives ou d’une dégradation de la flore.
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D’après le ministère tunisien de l’Environnement et du Développement durable, le pays d’Afrique du Nord compte à ce jour, 17 parcs nationaux totalisant une superficie de 541 105 hectares et qui recouvrent ainsi 3,31% du territoire tunisien. En perspective, le gouvernement tunisien prévoit d’augmenter la proportion de zones protégées par rapport à la superficie totale des forêts de 17 % à 20 % d’ici à 2024.
Boris Ngounou