Le gouvernement tunisien semble vouloir rattraper le retard qu’accuse son pays dans le développement de l’énergie solaire. Disposant seulement de 3 % d’électricité produite à partir des énergies renouvelables (essentiellement de l’éolienne), le pays d’Afrique du Nord mise désormais sur l’énergie solaire verdir son réseau électrique.
L’État tunisien a signé le 17 décembre 2019, un Accord sur achat d’énergie (AAE) avec la société norvégienne Scatec Solar, spécialisée dans l’intégration de systèmes photovoltaïques. Celle-ci devra construire et exploiter pendant vingt ans, trois centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 360 mégawatts (MW) : 60 MW à Tozeur (au sud-ouest), 60 MW à Sidi Bouzid (au centre du pays) et 240 MW à Tataouine (au sud-est). L’énergie produite sera vendue à la société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg). Une offre qui permettra de satisfaire les besoins en électricité de plus de 300 000 foyers, réduisant de fait l’empreinte écologique de ceux-ci.
Le volet financier du projet sera assuré par Scatec Solar, qui est également le fournisseur d’ingénierie, des services d’exploitation et de maintenance ainsi que des services de gestion des actifs pour les centrales électriques.
La Tunisie mise sur les investisseurs indépendants pour la réalisation de son programme solaire
Le programme solaire tunisien (PST), mis sur pied en 2015, nécessite des investissements évalués à plus de 4,8 milliards d’euros jusqu’en 2030. Pour mobiliser ces fonds, le pays a soumis en 2017, tous les projets de production d’électricité à partir des énergies renouvelables, à des permis et concessions. C’est dans ce cadre que s’inscrivent l’AAE signé avec le norvégien Scatec Solar et les appels à projets relatifs à la construction et à l’exploitation sous contrat d’AAE de centrales solaires d’une capacité totale de 70 MW, dont la date limite de dépôt des dossiers a été prorogée du 26 novembre 2019 au 9 janvier 2020.
Ces investissements permettraient de doter la Tunisie d’une capacité de production supplémentaire de 1900 MW d’ici 2022, ce qui représentera alors environ 22 % de la capacité installée. Cela contribuera également à rapprocher la Tunisie de l’objectif à long terme qu’elle s’est fixé dans le Plan d’action pour l’accélération des projets d’énergie renouvelables, lancée en 2016 : couvrir 30 % de ses besoins en électricité par des énergies renouvelables d’ici 2030.
Cette ruée de la Tunisie vers le solaire peut en effet s’expliquer par les tendances ainsi que les bonnes perspectives du secteur. Selon l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (Irena), la baisse généralisée des coûts de fonctionnement des technologies solaires photovoltaïques, qui ont diminué de 80 % depuis 2009, devrait à nouveau s’accélérer avec une chute de 59 % d’ici 2025, faisant du solaire photovoltaïque le mode de génération d’électricité le moins coûteux qui soit.
Boris Ngounou