Site icon Afrik 21

WINDHOEK : cernée par deux déserts, la ville transforme ses eaux usées en eau potable

Water recycling station in Windhoek

DCIM100MEDIADJI_0349.JPG

[ARTICLE PARTENAIRE] Windhoek, une ville à la terre brune qui conforte l’idée d’une cité propre. Plus marquant encore, elle est entourée de petites montagnes qui ressemblent à des dunes de sable. Normal, puisque la capitale de la Namibie est située à cheval entre les déserts du Namib et du Kalahari. Comme dans toutes les régions arides du monde, l’eau y est rare. Pour assurer ses besoins, les autorités ont construit plusieurs barrages de retenue, dont celui d’Omatako, situé à plus de 186 km de la ville.

Mais, à cause de la sécheresse, le débit de la rivière Omataka a baissé, occasionnant la chute du niveau du barrage. Autre solution, pour amener de l’eau aux habitants de Windhoek, a été de recueillir les eaux de pluie. Une pratique d’ailleurs courante dans le nord du pays, avec les fameux Oshanas. Il s’agit d’étangs naturels qui se remplissent pendant la saison pluvieuse. Ces eaux sont souvent pompées pour réaliser de l’irrigation en période de soudure. Mais, avec la baisse des précipitations, la capitale ne pouvait pas miser sur cette option à long terme. Windhoek aurait également pu investir dans le dessalement de l’eau de mer. Trop cher. Et trop loin : la mer est située à plus de 350 km. Les autorités ont donc choisi la réutilisation de l’eau.

La ReUse, une alternative pour Windhoek

La difficulté de Windhoek en termes d’approvisionnement des populations en eau potable ne date pas d’aujourd’hui. Une usine de traitement des eaux usées existe dans la capitale namibienne depuis 1968. Le recyclage des eaux usées est pratiqué dans d’autres villes de ce pays d’Afrique australe. C’est ainsi le cas à Swakopmund, Walvis Bay, Tsumeb, Otjiwarongo, Okahandja, Mariental et à Oranjemund. Mais dans ces localités, les eaux traitées sont destinées à l’irrigation.

À Windhoek, en revanche, l’eau traitée est injectée directement dans le réseau de distribution de l’eau potable de la ville. Dans les années ’90, avec l’exode rural et la croissance démographique de la ville, les autorités ont décidé d’augmenter la capacité de production de l’usine de recyclage des eaux usées de Goreangab. En 2001, un consortium formé de trois entreprises a été choisi pour booster la production de cette installation : Veolia, une entreprise française spécialisée dans le traitement des eaux usées et l’environnement, Berlinwasser International GmbH, une société basée à Berlin en Allemagne et VA Tech Wabag Limited, une société indienne. Ensemble, elles ont créé une société commune : Wingoc (Windhoek Goreangab Operating Company).

Un procédé de traitement singulier

Wingoc a donc livré une nouvelle usine de traitement des eaux usées qui fournit 21 000 m3 d’eau potable par jour, soit 35 % de la consommation. Veolia met en avant l’installation d’une technologie de pointe « à barrières multiples » : ozonation, ultra filtration sur membrane et chloration résiduelle. Ce procédé élimine tous les polluants et contaminants. Ces différents traitements, couplés à des programmes de biosurveillance rigoureux, garantissent une eau potable de qualité, sans danger pour la santé. Il s’agit là d’une référence mondiale, car seules les villes de Windhoek et de Singapour (en Asie) produisent ainsi de l’eau potable à partir de leurs eaux usées, réinjectées directement dans le circuit d’approvisionnement des ménages.

Consommer de l’eau potable issue d’une usine de recyclage des eaux usées est une idée qui interroge encore parfois certaines personnes, même à Windhoek où la solution est éprouvée et très fiable. Il faut savoir que « tout est fait biologiquement : les bactéries aident à digérer les déchets et à les extraire de l’eau, imitant ce qui se passe dans la nature, mais beaucoup plus rapidement », explique Justina Haihambo, ingénieure en procédés de l’usine de traitement des eaux usées de Goreangab.

Et puis, il s’agit là d’une solution performante écologiquement et plus rentable économiquement, dans une ville où « chaque goutte d’eau compte ». En 50 ans, aucun incident sanitaire majeur lié à la consommation de cette eau n’a été détecté. Et ce système devrait continuer à fournir de l’eau potable pendant plusieurs décennies. D’autant que la nouvelle usine est encore plus performante, en termes de quantité et de qualité de l’eau potable produite.

L’expérience a d’ailleurs inspiré un projet pilote de réutilisation à petite échelle des eaux usées traitées dans les zones rurales d’Outapi, au nord du pays. Les autorités ont lancé là-bas le projet de recherche CuveWaters. Concrètement, les eaux usées de 1 500 personnes sont collectées, dans des égouts sous vide, et traitées de manière à éliminer tous les agents pathogènes. À Windhoek, les autorités réfléchissent également à la construction d’une deuxième usine de recyclage des eaux usées en eau potable.

Article réalisé en partenariat avec Veolia

Quitter la version mobile