Selon le ministre de l’Énergie, la Zambie pourrait importer 300 MW d’électricité depuis l’Afrique du Sud dans les prochains mois. Une mesure qui permettrait de résorber le déficit énergétique observé actuellement dans le pays causé en majeure partie par la sécheresse. Mais la mesure va entrainer une hausse du prix de l’électricité pour les ménages.
Des discussions sont en cours entre la Zambie et la compagnie d’électricité sud-africaine Eskom. Les deux parties espèrent aboutir à un accord pour la fourniture de 300 MW d’énergie électrique à la Zambie, en provenance du pays de Mandela. L’annonce a été faite le mardi 17 septembre 2019 par le ministre zambien de l’Énergie, Mathew Nkhuwa. Une mesure qui pourrait engendrer une hausse drastique des prix de détail d’après le ministre. La Zambie fait face depuis quelques temps à un déficit énergétique de près de 750 MW. Parmi les éléments qui justifient cette situation se trouve en bonne place la baisse des performances du barrage de Kariba, l’un des principaux fournisseurs d’électricité du pays. Le niveau d’eau a considérablement baissé dans le barrage, entrainant une réduction de ses performances. Et le réchauffement climatique en cours risque de compliquer encore la situation.
Le prix de l’électricité risque de doubler
La sécheresse avait déjà poussé la Zambie à fixer le prix de l’électricité à un niveau inférieur au coût normal grâce à des subventions. Mais depuis 2017, le pays a déjà procédé à une hausse des prix pour les consommateurs à hauteur de 75 %. Les sociétés minières quant à elles devaient payer 0,093 $/kWh . Avec ce contrat en vue avec l’Afrique du Sud, les prix d’électricité pourraient encore doubler. « Le prix de détail sera peut-être le double du montant parce que nous ne payons que la moitié du montant que nous devrions débourser pour l’électricité », a précisé M. Nkhuwa, s’adressant à la presse locale. Il faut noter que, en dépit de la hausse intervenue, le pays pratique actuellement un tarif électrique, qui reste en dessous du coût de production, grâce à un mécanisme de subventions qui ne fonctionnerait pas en cas d’importation d’électricité. En 2019, la sécheresse n’a pas été sans impact sur la croissance économique de la Zambie. Le pays avait formulé des estimations de croissance de 4 %, mais il a dû ramener ce taux à 2 % en raison des effets de la sécheresse sur la fourniture en électricité et sur l’agriculture.
Les politiques zambiennes en matière d’accès à l’électricité accordent de plus en plus d’importance au solaire, l’énergie hydraulique ayant montré ses limites en raison des longues périodes de sécheresse que connait le pays. En Zambie, la sécheresse dure la moitié de l’année et le mois d’octobre est considéré comme étant le plus chaud de l’année. L’essentiel de la capacité de production de la Zambie de 2 200 MW environ repose sur l’exploitation hydroélectrique des cours d’eau, qui pourtant s’achèssent. Pour alléger la situation, le gouvernement a ainsi signé, en septembre 2019, avec la société égyptienne Elsewedy Electric et l’entreprise japonaise Toyota Tsusho, un accord pour la construction de deux centrales solaires photovoltaïques d’une capacité de 50 MW chacune.
Luchelle Feukeng