Le projet hydroélectrique de Batoka Gorge franchit une nouvelle étape. En marge d’un déplacement à Maputo au Mozambique, le président zimbabwéen Emmerson Dambudzo Mnangagwa, a annoncé qu’il s’était mis d’accord avec la Zambie pour attribuer la réalisation de ce projet hydroélectrique à l’entreprise américaine General Electric (GE) et à la société chinoise Power China. En revanche, l’entreprise italienne Salini Impregilo, qui faisait pourtant partie du même consortium, n’a pas été mentionnée.
Au départ, Zambezi River Authority (ZRA), une organisation appartenant à la Zambie et au Zimbabwé, destinée à la mise en valeur du fleuve Zambèze et chargée de la mise en œuvre du projet hydroélectrique de Batoka Gorge, a présélectionné deux consortiums et une entreprise. Le consortium qui a été retoqué était composé de Three Gorges Corporation et China International and Water Electric Corporation. China Gezhouba Group Company (CGGC) qui faisait la course en solitaire n’a pas non plus eu gain de cause.
Un projet de 4,5 milliards de dollars
Le projet hydroélectrique de Batoka Gorge devrait permettre d’injecter 2 400 MW dans les réseaux électriques du Zimbabwé et de la Zambie. Le projet est mis sur pied suivant le modèle financier de Build-Operate-Transfer (BOT, en français : construire, exploiter, transférer). Une sorte de partenariat public privé (PPP).
GE et Power China ont la responsabilité de construire un barrage avec un mur de 181 m de hauteur, permettant de retenir 1 680 millions de m3 d’eau sur une superficie d’environ 26 km2. Le réservoir sera long et étroit, s’étendant sur environ 1 km le long du bassin de la chute Victoria. L’eau de la retenue fera tourner les turbines de deux centrales hydroélectriques situées des deux côtés du fleuve Zambèze. Elles disposeront ainsi d’une capacité cumulée de 2 400 MW.
La ZRA estime que l’ensemble du projet nécessitera un investissement de 4,5 millions de dollars. Le financement sera donc assuré par GE et China Power. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) se sont déclarées prêtes à soutenir le projet hydroélectrique de Batoka Gorge.
Ce dernier suscite par ailleurs la contestation des populations locales, qui vivent essentiellement du tourisme, notamment des Occidentaux qui viennent visiter les chutes Victoria. Ce site, classé au patrimoine mondial de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), pourrait être affecté par la construction du barrage, notamment à travers la réduction du débit du cours d’eau, mais aussi parce que le fleuve pourrait se rapprocher des chutes de 650 m.
Quiqu’il en soit, sur place, le projet avance avec les études de faisabilité technique qui se termineront d’ici le mois de septembre 2019. Il faudra dix à treize ans pour achever la construction du barrage hydroélectrique de Batoka Gorge.
Jean Marie Takouleu