En collaboration avec le gouvernement du Zimbabwe, 61 systèmes d’adduction d’eau fonctionnant à l’énergie solaire ont été installés à Harare par la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). L’initiative permettra aux habitants de la capitale de faire face à des épisodes climatiques extrêmes.
Doté d’un volet dédié à la lutte contre les effets des changements climatiques, le projet lancé en 2020 à Harare au Zimbabwe par le gouvernement et ses partenaires que sont la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), a misé sur les énergies renouvelables pour offrir un système alternatif d’adduction d’eau aux communautés vulnérables.
Dans une note publiée le 17 novembre 2022, la BAD et l’Unicef indiquent que 61 systèmes d’adduction d’eau fonctionnant à l’énergie solaire ont été déployés, 164 forages ont été réhabilités tandis que 15 nouveaux points d’eaux ont été creusés au profit de 854 975 personnes. Dans le cadre de ce projet, 10 000 kits d’hygiène « WASH » ont aussi été distribués aux bénéficiaires, en priorité aux personnes handicapées ou vivant avec le VIH/Sida. Et les messages délivrés au fil du projet en matière de santé et d’hygiène ont ciblé plus de 1,8 millions de personnes, selon les deux organisations.
Des pénuries d’eau persistantes
Le projet réalisé par le gouvernement zimbabwéen et ses partenaires intervient dans un contexte de pénuries d’eau persistantes dans de nombreuses localités d’Harare et ses environs, notamment la ville de Chitungwiza. Les capacités de production cumulées des deux stations de traitement des eaux dans la ville (Morton Jaffray et Prince Edward), qui s’élèvent à 704 méga-litres/ jour, ne sauraient répondre à la demande, soit quelque 800 méga-litres/ jour nécessaires à l’approvisionnement d’environ 4,5 millions d’habitants. En réalité, la production actuelle est même moindre, de 500 méga-litres/ jour. Et la qualité de l’eau s’est détériorée, en raison des coupures de courant qui affectent la capacité de traitement des eaux.
Faute d’alternative, nombreux sont les habitants d’Harare à s’être rabattu sur des sources d’eau insalubres, s’exposant ainsi au risque de maladies d’origine hydrique (diarrhées, choléra, dysenterie, typhoïde, etc.).
Ce stress hydrique est surtout provoqué par le réchauffement climatique. Sous l’effet des sécheresses prolongées, l’environnement du bassin versant du Lac Chivero et de Manyame qui alimentent les deux stations d’eau potable de la ville s’est dégradé. (Intensification du ruissellement de surface, érosion des sols, envasement des lacs, entre autres). Selon le gouvernement, ces étendues d’eau ont enregistré une baisse de volume de 6 % et 10 %, respectivement, par rapport à leurs capacités initiales.
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L’un des derniers rapports d’Oxfam « La faim dans un monde qui se réchauffe », indique que le Zimbabwe fait partie des sept pays africains sur les 10 pays recensés comme les plus exposés aux risques climatiques au monde. Ce pays d’Afrique australe occupe le 2e rang mondial de l’Indice mondial des risques climatiques 2021. Et à en croire les dernières projections, le Zimbabwe a de grands risques de continuer de se réchauffer d’ici à 2080 si rien n’est fait.
Boris Ngounou