C’est une annonce qui suscite beaucoup d’espoir dans ce pays où les délestages sont monnaie courante. Le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa a annoncé son intention de relancer le projet de construction d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve Zambèze. Cela fait 70 ans que ce projet est pensé aussi bien au Zimbabwe et qu’en Zambie.
L’information émane du quotidien d’État zimbabwéen The Herald qui rapporte les propos du président Emmerson Mnangagwa lors d’un déplacement dans la ville de Bindura, dans la province de Mashonaland central, à environ 88 kilomètres au nord-est de Harare, la capitale du pays. « C’est un projet de 4,5 milliards de dollars que nous allons concrétiser en coopération avec le gouvernement de Zambie », a rappelé le président du Zimbabwe. Et d’ajouter, « Trois entreprises se sont portées candidates pour réaliser ce projet et nous étudions leurs offres. Mais à notre niveau, moi-même et le président (zambien) Edgar Lungu sommes d’accord pour le réaliser ».
Il faut dire qu’aucun autre détail sur les entreprises en course pour la réalisation de ce méga projet n’a été dévoilé. Mais ce donc on peut être sûr est que le futur barrage promet d’être l’un des plus gigantesques du continent africain, juste derrière le barrage de Grande Renaissance sur le Nil en Éthiopie d’une capacité de production attendue de 6000 MW (en cours de construction).
Le projet du barrage sur le fleuve Zambèze
Comment l’a rappelé le président Mnangagwa, le projet du barrage hydroélectrique de Batoka sur le fleuve Zambèze sera mené par le Zimbabwe et la Zambie. Son développement se fera sous le contrôle de l’Autorité du fleuve Zambèze (ZRA), un organisme conjoint chargé de la supervision et du développement autour du fleuve Zambèze partagé par les deux pays. Deux centrales seront donc construites (une sur la rive nord et l’autre sur la rive sud), d’une capacité cumulée de 1600 MW.
Selon le magazine zambien The Lowdown, ce projet hydroélectrique aura un mur de barrage de 181 m de hauteur qui retiendra 1 680 millions m3 d’eau, couvrant une superficie d’environ 26 km2. Le réservoir sera long et étroit, s’étendant à environ 1 km du bassin de la chute Victoria. Il faudra également 10 à 13 ans pour achever les travaux de construction du barrage hydroélectrique de Batoka Gorge. L’option privilégiée par la Zambie est l’approche Build-Own-Operate-Transfer (BOT, forme de financement de projet, dans lequel une entité privée reçoit une concession du secteur public ou privé dans le but de le financer, NDLR), impliquant les développeurs du secteur privé.
Sur la question du financement, il faut noter que la Banque mondiale (BM) et la Banque africaine de développement (BAD) ont toutes deux exprimé leur intérêt à financer le projet, bien qu’il n’y ait pas d’engagement formel pour le moment.
L’impact environnemental
Concernant l’épineuse question de l’impact environnementale, il convient de noter que la première étude d’impact environnementale sur le projet hydroélectrique Batoka Gorge a été réalisé en 1993. Tout en recommande d’autres études, son rapport stipulait que « le barrage n’inondera pas ; il sera confiné à une longue gorge étroite, mais inondera tous les rapides en amont et réduira l’habitat naturel des riverains. La faible densité de la population dans la zone réduira le nombre de personnes qui doivent être réinstallées ».
Il faut toutefois mentionner que la gorge est un habitat pour un certain nombre d’espèces d’oiseaux rares, 34 espèces de rapaces dont le fameux aigle de Verreaux (l’aigle noir). Forcément le barrage aura un impact sur ce grand oiseau de proie, d’autant plus qu’il se nourrit de mammifères qui dépendent du fleuve Zambèze.
Jean Marie Takouleu