Dans le cadre des activités marquant la célébration de la journée mondiale des zones humides, le 2 février 2021 au Zimbabwe, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) de protection de la nature ont attiré l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité de mettre en place des tribunaux environnementaux. Des juridictions spécialisées, permettant de traiter efficacement les crimes liés à l’environnement. Un phénomène devenu légion dans ce pays d’Afrique australe.
Le Zimbabwe figure parmi les pays africains dans lesquels quelque 22 000 éléphants sauvages sont tués chaque année. D’après l’office des Nations unies contre la drogue et le crime, les braconniers zimbabwéens n’hésitent pas à appliquer des techniques de chasse barbares et catastrophiques. En septembre 2013, ces derniers ont versé du cyanure dans un point d’eau où s’abreuvent les éléphants. Un empoisonnement qui a tué plus de 300 éléphants, lions, rapaces, vautours et hyènes.
Pour lutter efficacement ces crimes fauniques ainsi que l’exploitation illégale des forêts, les organisations locales de protection de la nature ont saisi l’occasion de l’édition 2021 de la journée mondiale des zones humides, pour proposer un nouvel instrument de dissuasion. Il s’agit des tribunaux environnementaux. « La création d’un tribunal vert indépendant, distinct du système judiciaire général, pourrait aider le Zimbabwe à résoudre les problèmes environnementaux pressants, omniprésents et pernicieux auxquels le pays est confronté. Cette juridiction spéciale pourrait également donner au public un recours contre les transgressions sur les zones humides » affirme Enos Shumba, le directeur national du Fonds mondial pour la nature au Zimbabwe.
La nécessité des tribunaux verts a également été soulignée par le chargé de communication de la Commission des forêts du Zimbabwe (FCZ). « Les crimes environnementaux sont notre plus grand défi et même si la commission s’associe à la police et au gouvernement local pour l’application de la loi, nous manquons toujours de ressources, en particulier dans des cas comme la déforestation et l’exploitation minière illégale » explique Aaron Chifunga.
L’appel lancé au gouvernement zimbabwéen pour la création des tribunaux environnementaux est consécutif au tollé des habitants face à la dégradation massive des terres par des mineurs illégaux dans des localités de l’Est du pays telles que Penhalonga de Mutasa à l’Est du pays et le parc national de Chimanimani. Des agissements qui témoignent de l’insuffisance des efforts jusqu’ici accomplis par le gouvernement. Le 9 septembre 2020, la ministre zimbabwéenne de l’Information, de la Publicité et des Services de radiodiffusion a publié un communiqué portant interdiction de toute activité minière dans les réserves naturelles et le long des rivières.
Boris Ngounou