En près de deux ans d’existence, les femmes rangers du Zimbabwe ont enregistré plus de succès que leurs homologues masculins. Le rendement des « courageuses » est tel que les initiateurs de cette unité de rangers hors du commun envisage de porter l’effectif des recrues à 2000 d’ici 2030.
Gare à ceux qui se fient à leur genre ou à leur jeunesse et se croient tout permis au Phundundu, un parc animalier situé dans la basse vallée du Zambèze, au nord du Zimbabwe. Ici, les braconniers sont mis à rude épreuve par une unité de rangers constituée à 100 % de femmes. De 2017 à février 2019, les « Akashinga », qui signifie « Courageuses » dans la langue locale, ont arrêté 91 braconniers. Ce qui représente selon elles un record largement au-dessus de celui de leurs homologues masculines. Un succès dont la clé tient à la méthode. « Au lieu d’utiliser la force pour faire des arrestations, nous travaillons avec les communautés. Seulement 3 % des crimes sont résolus en prenant des personnes en flagrant délit, alors que les 97 % restant sont résolus grâce au renseignement » a déclaré à France 24 Damien Mander, le fondateur des Akashinga.
Forte de sa bravoure, l’unité a reçu le prix 2018 des femmes du Zimbabwe, une marque de reconnaissance pour le travail assumé en faveur de la protection de la faune sauvage dans un pays où la pauvreté et la corruption ont provoqué une flambée du braconnage. D’après les chiffres de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), ces prélèvements ont fait chuter la population d’éléphants. À l’échelle du continent, un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature indique qu’elle est passée de plusieurs millions à environ 400 000 en une soixantaine d’années. La population de rhinocéros blancs du Sud est également passée de 21 300 à 18 000 individus entre 2012 et 2017.
Horizon 2 000 « courageuses » en 2030
C’est sous la bannière de la Fondation internationale de lutte contre le braconnage (IAPF), que dirige Damien Mander, que les Akashinga ont été lancées en 2017. Il s’agit de jeunes femmes âgées de 19 à 30 ans, sélectionnées au sein des couches vulnérables des villages voisins au parc du Phundundu. Le site web de l’IAPF parle notamment « de mères célibataires sans emploi, d’épouses abandonnées, de travailleuses du sexe, de victimes d’abus sexuels ou physiques, de femmes de braconniers emprisonnés, de veuves et d’orphelines ». Pour la fondation, il s’agit avant tout de redonner de l’espoir et du pouvoir à ces femmes en leur offrant un nouveau départ et en leur donnant l’occasion de défendre une cause majeure pour leur pays.
Chaque femme ranger gagne environ 400 dollars par mois, ce qui représente quatre fois le salaire moyen au Zimbabwe. Ainsi en protégeant les animaux, elles soutiennent mieux leurs familles que ne le feraient des braconniers.
Le programme Akashinga compte aujourd’hui s’étendre. Un deuxième camp est en construction au Zimbabwe compte accueillir de nouvelles recrues. À terme, elles devraient être au nombre de 2000. Ce qui permettra de sortir 2000 familles de la pauvreté à travers la protection des animaux.
Boris Ngounou